Préparer au mieux les championnats de France Amateur dans le dernier mois d’entraînement
Les championnats de France Amateur sont l’objectif de l’année, ou un des premiers. Pour Gwendolen Fer, “la première chose à faire est un rétroplanning. Dedans, il y aura des concours préparatoires et toutes les dates clés concernant le cheval. Par exemple, il faut organiser son planning pour que votre cheval ne soit pas en fin de ferrure pour l’événement de l’année. On y met aussi les séances d’entraînement, pour ne pas tomber dans le piège de vouloir se sûr-entraîner les dix ou quinze derniers jours.”
Le dernier mois permet de peaufiner sa préparation, comme l’explique Corentin Pottier : “Ce n’est pas à ce moment que l’on va réinventer sa façon de monter. Il ne faut pas tomber dans cette pression, mais au contraire se rassurer et rassurer son cheval. J’aime beaucoup travailler ma reprise de dressage par petits morceaux, pour peaufiner plus spécifiquement un mouvement ou un enchaînement qui ne serait pas maîtrisé à 100%.”
Chaque cheval est différent et a besoin d’un programme qui lui est adapté. Pour Kevin Staut, “certains chevaux ont besoin de maintenir de l’intensité dans le travail ou dans la fréquence des séances d’obstacles jusqu’à l’événement, car leur caractère s’y prête ou que la technique de saut doit être travaillée régulièrement pour arriver prêt à un championnat. Pour d’autres chevaux, souvent plus âgés ou avec plus d’expérience, il faut gérer et alterner le travail. Pour le fond, en faisant des galops et du fractionné, idéalement en extérieur, c’est bon pour le moral du cheval et de son cavalier. Pour le travail technique, quelques séances de gymnastique seront parfaites pour varier les séances, cela évite de mettre les chevaux à l’effort ou de répéter trop souvent des parcours entiers. Ce qui est bien, c’est d’avoir au minimum les dix jours qui précèdent le championnat sans compétition, pour arriver frais et avec le maximum de chance.”
Le conseil de Gwendolen Fer pour le dernier entraînement de cross
Bien que cela dépend du couple et des besoins des chevaux, Gwendolen Fer conseille d’effectuer le dernier galop “dix jours avant le championnat, au plus tard une semaine avant. Mes élèves ne vont pas forcément en concours quinze jours avant, par contre ils refont à l’entraînement des petits directionnels, des éléments techniques de cross, mais plutôt en carrière.”
L’astuce de Corentin Pottier pour réviser sa reprise de dressage
“Ce n’est pas un mois avant un championnat qu’on va se focaliser sur la préparation mentale, mais il y a quand même des choses à faire. La visualisation est un outil de préparation mentale parmi d’autres, très performant. S’imaginer sur son cheval présenter la reprise, passer tous les mouvements en revue en se les imaginant réussis et les aides à utiliser. Je pense que c’est une bonne méthode car elle permet d’économiser le cheval et de booster la confiance du cavalier. L’idée est d’avoir un maximum d’occurrences positives sur les mouvements. Le jour J, le corps et le cerveau du cavalier auront gardé en mémoire tous ces souvenirs positifs et les automatismes se mettront en place. C’est un bon outil pour gérer la pression d’un championnat.”
Les points sur lesquels être vigilant
Gwendolen Fer recommande de bien réviser sa reprise de dressage : “Par exemple, connaître les distances entre les lettres sur le rectangle permet d’être précis, ce sont des détails qui font la différence le jour J. C’est l’occasion de revoir les vidéos des derniers concours, ce qui a fonctionné ou les points à améliorer. Il ne faut pas se focaliser que sur les défauts, mais aussi faire capitaliser et progresser le couple sur ses points forts.”
C’est également le moment d’être encore plus à l’écoute de son cheval. Pour ceux qui n’ont pas la chance d’aller aux écuries au quotidien, Kevin Staut préconise de pouvoir s’appuyer sur des coachs qui sont “des femmes et hommes de chevaux qui puissent sentir s’il y a, par exemple, une baisse de forme liée à un virus de passage, à une séance plus difficile à encaisser, des variations de températures. Même si ce n’est pas grand-chose, cela permet d’être alerté et de résoudre un potentiel problème rapidement.”
“C’est le bon de faire les derniers réglages et un check-up vétérinaire”, abonde Corentin Pottier. “Un championnat, même amateur, se prépare avec l’aide du vétérinaire, de l’ostéopathe, etc. Pour qu’une reprise soit bonne techniquement, il faut que son cheval soit au mieux de son état de forme physique. Il ne faut pas hésiter à appeler son vétérinaire, même si tout va bien, pour voir comment optimiser la préparation. Si le cheval est physiquement prêt, et son cavalier mentalement prêt, avec le niveau technique requis par l’épreuve, vous avez toutes les cartes en mains pour que votre championnat se passe bien !”
Anticiper trois jours de championnat
Les épreuves des championnats vont se dérouler sur plusieurs jours. Une organisation à prendre en compte, les chevaux pouvant réagir différemment par rapport à un concours sur une journée. “À l’obstacles, ils vont peut-être être plus frais, différents. Il faut penser à anticiper cela, bien connaître son cheval pour bien gérer les détentes, prévoir des sorties supplémentaires dans la journée, travail à pied, marche en main, séances de broutage ou stretching léger. Il faut aussi faire attention au climat, le mois de juillet est un peu chaud, donc il faut penser à aider les chevaux à rester bien hydratés avec de l’eau fraîche à volonté et pourquoi pas des produits comme les électrolytes”, conseille Gwendolen Fer. Ce que confirme Corentin Pottier, qui ajoute : “Si un cheval est correctement entraîné, il n’aura aucun problème à concourir pendant trois jours d’épreuves. Il ne faut pas non plus oublier le temps entre les épreuves. Les chevaux sont des athlètes, ils ont besoin de marcher longtemps, plusieurs fois dans la journée. Il s’agit d’une des clés d’une bonne récupération, pour éviter trop de courbatures et rafraîchir les chevaux physiquement et mentalement. Il faut être à l’écoute de son cheval, de l’environnement et faire des petits ajustements si nécessaire par rapport au fonctionnement durant la saison.”
Pour les complétistes, Gwendolen pointe le fait que les chevaux “n’ont pas l’habitude de courir l’hippique après le cross. Je conseille de s’entraîner là-dessus une ou deux fois dans l’année. Si on ne peut pas le faire en compétition, ne pas hésiter à le faire sur un entraînement : réaliser un galop où le cheval est plus ouvert, et sauter le lendemain pour se mettre en situation. Cela entraîne de la fatigue pour les chevaux, qui vont être un peu plus courbaturés, et nous habituer à leur demander de se redresser afin qu’ils sautent vers le haut pour ne pas toucher les barres.”
Le mot de la fin…
Les trois cavaliers s’accordent à dire que le plus important, même lors d’un championnat, est de se faire plaisir ! “L’équitation reste une passion, celle du cheval. Même dans un championnat, où les enjeux dépassent un peu cette notion, où lorsqu’on est compétiteur on a envie de gagner. Les plus grands cavaliers le diront, leur meilleur championnat est celui où ils ont quand même réussi à prendre du plaisir pendant les parcours, à trouver une osmose qui n’existe dans aucune autre épreuve. L’intensité et l’enjeu permettent d’atteindre avec son cheval des niveaux que l’on n’aurait jamais cru atteignables. Un championnat transcende les gens qui se mettent dans le bon état d’esprit”, témoigne Kevin Staut.
Gwendolen Fer pointe l’importance de “se fixer les bons objectifs. S’ils ne sont pas réalisables, on risque d’être déçu ou frustré. On peut courir un championnat pour obtenir un podium, pour préparer la saison suivante, ou pour pleins d’autres raisons.” Dans le même état d’esprit, Corentin Pottier conclut : “Un championnat, ce n’est que de deux ou trois épreuves à la suite, comme cela est le cas plusieurs fois dans la saison. Il faut essayer de l’aborder le plus sereinement possible et avec l’envie de s’amuser, de profiter et de faire ce que l’on sait faire, sans chercher à trop en faire et en restant honnête avec soi-même. Avec cet état d’esprit, on s’amuse plus avec son cheval et c’est indispensable.”
Le conseil de Kevin Staut pour aborder le plus sereinement possible un premier championnat
“En tant que cavalier amateur, ce dont on a besoin, c’est d’être au maximum de la complicité avec son cheval. L’équitation est un sport difficile et un championnat long. On peut subir une contre-performance le premier jour puis remonter dans le classement, ou inversement. La régularité est le maître-mot de n’importe quel championnat. Ce qui me semble très important, c’est de se concentrer sur sa propre équitation, sa complicité avec son cheval, sur ce qu’on peut encore apporter en piste ; le résultat viendra ou ne viendra pas. Ne pas se laisser démonter par le stress et au contraire, arriver à se concentrer sur l’équitation.”