Depuis deux ans, il mène également une mission liée à la formation professionnelle des enseignants. En vue de la première édition de l’Open Amateur, du 18 au 24 juillet au Mans (72), l’écuyer du Cadre noir et ancien membre de l’équipe de France de complet a évoqué les bases de la discipline à ce niveau.
Évoquons la formation des Amateurs. Qu’est-ce que c’est qu’une bonne formation pour un cavalier amateur de complet ?
Pour moi, le cavalier amateur est dans l’apprentissage de la manière de communiquer avec son cheval pour pouvoir faire du sport avec lui. Il a donc besoin la plupart du temps d’avoir un équidé déjà préparé et dressé – c’est le meilleur cas de figure. Il faut qu’il apprenne à se connecter, à fonctionner avec lui, pour arriver à lui proposer une relation qui permette de rencontrer des situations un peu compliquées en compétition sans que cela ne soit dangereux. En complet, ce qui est important est le bien-être du cheval et la sécurité. Il faut créer une bonne relation avec son cheval et que les deux soient dans une situation de confort.
Beaucoup de progrès ont été faits dans le domaine de la sécurité…
Oui, notamment pour l’épreuve de cross, sur les constructions par exemple, avec des systèmes qui permettent d’éviter que le cheval ne chute. Cependant, les accidents sont multifactoriels, il faut donc travailler sur tous les secteurs. Il y en a un sur lequel on ne peut pas lâcher : la formation de nos cadres, de nos enseignants, pour qu’ils forment à leur tour correctement leurs cavaliers. Une équitation contrôlée, c’est déjà une assurance en matière de sécurité. Il faut continuer à travailler sur la qualité de l’équitation pratiquée par nos Amateurs. Avoir une équitation la plus sécuritaire possible passe par la notion de contrôle, de connexion et de relation positive avec les chevaux.
Quel est le ba.-ba de cette discipline pour les Amateurs ?
Pour moi, c’est de faire le lien entre les trois tests et la qualité de contact que les cavaliers ont avec leurs chevaux. L’équidé doit être au bout des rênes, en tension, se porter. Il va se présenter proprement en dressage, avec une locomotion qui fonctionne, du rebond et de l’élasticité. En saut d’obstacles, il construit ses abords, dans un équilibre suffisant pour pouvoir frapper et pousser. Sur le cross, c’est un cheval qui sait où il va, dans un espace ouvert qu’il n’a pas reconnu, grâce à la relation avec son cavalier, en étant tout le temps dans l’adhésion et la compréhension. Si la relation est toujours bien construite, avec du contact, cela aide au bon déroulement du parcours. Aujourd’hui, pour être performant, il faut être bon dans les trois tests. On ne peut pas gagner une épreuve en ayant fait l’impasse sur le dressage, en prenant 30 secondes de retard sur le cross ou en faisant une barre à l’hippique.
Un amateur pur apprend à utiliser un cheval qui a été préparé par d’autres, puis peu à peu va apprendre à l’éduquer en retrouvant des bases et des notions fondamentales : l’attention, le contact, la relation permanente, le contrôle de l’équilibre du cheval dans son déplacement. Par exemple, il a le contrôle latéral, quand il construit une courbe il ne laisse pas le cheval tomber à l’intérieur, etc. Il devient peu à peu formateur de chevaux, c’est la suite logique.
Existe-t-il un type de cheval particulier pour un Amateur ?
Le général Decarpentry a écrit : « Le but de l’équitation académique est de redonner au cheval monté la qualité de l’équilibre et du fonctionnement qu’il avait quand il était en liberté. » Le bon cheval d’amateur a été construit, éduqué pour retrouver de l’équilibre et du fonctionnement avec son cavalier sur son dos. À ce moment-là, le couple se construit. Ce n’est pas un cheval à qui il faut mettre des embouchures, trouver des combines pour arriver à se débrouiller avec. Cela développe des mauvais automatismes.
« Le cavalier amateur est dans l’apprentissage de la manière de communiquer avec son cheval pour pouvoir faire du sport avec lui. »
Jean-Luc Force